Podcast - Les mémoires vives Saison 1
Série de podcasts réalisés dans le cadre de l’exposition L’abîme. Nantes dans la traite atlantique et l’esclavage colonial, 1707-1830 en partenariat avec Slate.fr.
“Comment Nantes s’est-elle emparée de la question de son passé esclavagiste ? Comment la France en porte-t-elle encore les stigmates ? Que sait-on de ce qu’était la vie des personnes mises en esclavage ? »
Autant de questions auxquelles tente de répondre Les mémoires vives, un podcast en trois épisodes du musée d’histoire de Nantes, écrit par Nina Pareja et Christophe Carron, réalisé par Aurélie Rodrigues et produit par Slate.fr.
Épisode 1 – Rendre la parole
“Les colons ont laissé les vestiges qu’ils ont voulu”
La loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité, dite Loi Taubira a été promulguée en 2001, plus de 150 ans après l’abolition de l’esclavage. Il aura fallu la détermination de la députée de la Guyane pour que la France reconnaisse officiellement son passé esclavagiste. Vingt ans plus tard : où en sommes-nous ?
Dans ce premier épisode de Les Mémoires Vives, nous interrogeons la question de l’historiographie de l’esclavage. Depuis quelques années, le musée d’histoire de Nantes et la ville de Nantes travaillent à mettre en lumière le passé de cet ancien port de traite à travers plusieurs expositions et collections. Le musée propose aux visiteurs de confronter les approches historiques actuelles sur la traite atlantique, de faire dialoguer regards européens et africains sur cette histoire commune, de rendre la mémoire.
Sur ces questions mémorielles, nous sommes allés interroger Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne, spécialiste de l’histoire africaine, ancienne professeure de l’université de Paris est l’une des premières historiennes françaises à travailler sur l’histoire coloniale française, Bernard Michon, un historien nantais spécialiste des ports de traite et Mame Fatou Niang, maîtresse de conférence en étude française à l’université de Carnegy Malone aux Etats-Unis, également photographe et réalisatrice du film Mariannes Noires et qui travaille sur les questions de mémoire.
Les Mémoires Vives est un podcast du Château des ducs de Bretagne – musée d’histoire de Nantes, écrit par Nina Pareja et Christophe Carron, réalisé par Aurélie Rodrigues et produit par Slate.fr.
Ouvrages pour aller plus loin :
Les routes de l’esclavage : histoire des traites africaines Vie-Xxe siècle, Catherine Coquery-Vidrovitch, Albin Michel-Arte éditions, 2021
Le port de Nantes au XVIIIe siècle : Construction d’une aire portuaire, Bernard Michon, Presses universitaires de Rennes, 2019
Discours sur le colonialisme, Aimée Césaire, Présence africaine, 2004
La condition Noire : essai sur une minorité française, Pap Ndiaye, Gallimard, 2009
La France et ses esclaves : de la colonisation aux abolitions (1620-1848), Frédéric Régent, Pluriel, 2012
Qu’est-ce que l’esclavage ? : une histoire globale, Olivier Pétré-Grenouilleau, Gallimard, 2014
La question noire : histoire d’une construction coloniale, Myriam CottiasBayard, 2007
Épisode 2 – Fragments de vie d’esclave
Comment faire entendre la voix des personnes mises en esclavage ?
Que sait-on vraiment de la vie des esclaves ? De ces histoires personnelles et tragiques, on ne sait que peu de choses sinon des vérités partielles. L’empire français colonial n’encourage ses esclaves ni à lire ni écrire, leur parole est tue, oubliée. Peu d’écrits d’esclaves sont consultables et en particulier en France. Et la plupart des autobiographies de personnes esclavisées ont été écrites par des affranchis américains.
À quoi ressemblait le quotidien de ces personnes envoyées en esclavage à l’autre bout du monde ? Quelles terribles réalités les attendaient dans les colonies françaises ?
Pour entendre la voix des esclaves, une source est un plus largement disponible : celle des affaires judiciaires, c’est-à-dire des procès intentés aux maîtres par les esclaves, ou aux esclaves par les maîtres.
Ce deuxième épisode du podcast Les Mémoires Vives s’attache à restituer une partie de cette réalité. C’est ce qu’a réussi le journaliste Mohammed Aïssaoui dans l’ouvrage L’affaire de l’esclave Furcy. C’est aussi le but du travail des historiens Frédéric Régent et Bruno Maillard et de la documentaliste guadeloupéenne Gilda Gonfier dans l’ouvrage Libres et sans fers. Bertrand Guillet, directeur du Château des Ducs de Bretagne et du musée d’histoire de Nantes, travaille depuis 30 ans sur les archives de la Marie Séraphique, un navire utilisé pour transporter des esclaves vers les colonies françaises.
Ouvrages pour aller plus loin :
L’Affaire de l’esclave Furcy, Mohammed Aïssaoui, Gallimard, 2011
La Case de l’Oncle Tom, Harriet Beecher Stowe, Librairie générale française, 1995
La Vie de Frederick Douglass, un esclave américain, écrite par lui-même (1845)), Gallimard-Education, 2006
Douze ans d’esclavage, Solomon Northup, Entremonde, 2013
Ségou, Maryse Condé, Laffont, 2019
Libres et sans fers : paroles d’esclaves français : Guadeloupe, Île Bourbon (Réunion), Martinique, Bruno Maillard, Gilda Confier, Frédéric Régent, Fayard, 2015
La Marie-Séraphique, navire négrier, Bertrand Guillet, MeMo-Château des de Bretagne-Musée d’histoire de Nantes, 2010
Épisode 3 – La France face à son passé esclavagiste
Faut-il déboulonner Colbert ?
Depuis de nombreuses années, aux États-Unis et en Grande-Bretagne, se pose la question des marques de ce passé dans l’espace public. En France, on commence tout juste à examiner les stigmates de ce passé douloureux.
Ces questions résonnent plus fortement dans les villes de la côte atlantique, dont les ports ont amarré les bateaux qui ont transporté des milliers d’êtres humains au 18ème siècle. Nantes n’a pas attendu 2021 pour s’attaquer à son passé esclavagiste. Aujourd’hui, en France, elle fait figure de pionnière.
Pour ce troisième épisode de Les Mémoires Vives, nous avons rencontré Jean-Marc Ayrault, ancien premier ministre devenu président de la fondation pour la mémoire de l’esclavage a été maire de Nantes pendant 23 ans de 1989 à 2012. Nous avons parcouru Nantes avec Brigitte Château, guide-conférencière nantaise. Nous avons interrogé Frédéric Régent, historien, Mame Fatou Niang, essayiste et réalisatrice, Pierre Guillon de Princé, un Nantais descendant d’armateur et Michel Cocotier, président de l’association mémoire de l’outre-mer à Nantes.
Ouvrages pour aller plus loin :
Mémoires Des Esclavages, Edouard Glissant, Gallimard, 2007
Nantes et la traite négrière atlantique, Krystel Gualdé, Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes, 2017
Les traites et les esclavages : perspectives historiques et contemporaines, António de Almeida Mendes, Elisabeth Cunin, Myriam Cottias, Karthala, 2010
La mémoire enchaînée : questions sur l’esclavage, Françoise Vergès, Hachette Littératures, 2008